-
Article remanié suite à notre visite le 21 mars 2024.
3 octobre 2019 :
Hier, il faisait beau et nous avons fait une jolie visite, dans le parc et le quartier de Montsouris, sous la houlette de Virginie, notre conférencière.
Pour vous inciter à lire ce post jusqu'au bout, voici une chanson de Jacques Higelin "Le parc Montsouris". Une allée porte le nom du chanteur.
Ce parc de 15 ha est situé dans le 14 è arrondissement, sur le Boulevard Jourdan, près de la station du RER B Cité Universitaire. Il tient son nom des souris qui se trouvaient le long des moulins de la Bièvre.
1 gare RER B
2 ligne de RER
3 Petite ceinture
4 mire du sud
5 station météo
6 drame au désert
7 passerelle
8 groupe de baigneuses
9 les naufragés
10 colonne de la Paix armée
11 la mort du lion
12 Un premier frisson
13 cabane du grand équatorial
14 statue de Thomas Paine
Avant sa création, il n’y avait rien, sauf des moulins (le moulin de Moque-souris), des carrières de calcaire, une petite vigne. Les deux voies ferrées : ligne de Sceaux (actuel RER) et voie de petite ceinture n’existaient pas encore.
la ligne de RER :
Napoléon III voulait des parcs aux points cardinaux de Paris : bois de Vincennes à l’est, buttes-Chaumont au nord, bois de Boulogne à l’ouest et parc Montsouris au sud. Le parc a été aménagé par Alphand et Davioud et inauguré en 1869.
des statues :
la Pureté par Costa Valsenis 1955
5 Drame au désert (Georges Gardet) 1891
groupe de baigneuses Maurice Lipsi 1952
les naufragés Antoine Etex 1859
la mort du lion (Edmond Desca) 1929
premier frisson 'René Baucour) 1921
Colonne de la Paix Armée par Jules Félix Coutan (1887)
Un lac artificiel était alimenté à l'époque par l’aqueduc d’Arcueil. Une légende veut que le jour de l'inauguration, le lac artificiel se soit vidé et qu'un ingénieur qui avait supervisé sa construction se soit suicidé. Il semble que le lac se soit effectivement vidé une nuit de mai 1878.
Il n’y a pas un seul chemin en ligne droite dans ce parc.
Il y a de très beaux arbres : séquoias, gingkos biloba,
cèdre du Liban, tulipiers de Virginie aux feuilles si curieuses…
ail des Incas
citronnier épineux
Le seul monument avant le parc était la mire de Montsouris ou mire du sud, sur le méridien de Paris. Elle date de 1806 mais se trouvait à l’origine à l’Observatoire de Paris et elle a été déplacée pour être mise à cet endroit. Elle n’est pas vraiment sur la ligne du méridien de Paris.
au bas de la mire, un haiku du moine et ermite, poète et calligraphe japonais Ryokan (1758-1831)
Cette tour est un anémomètre (mesure de la force du vent).
À un endroit, se trouvait le Palais du Bardo. C’était une copie, à échelle réduite, du palais d’été du Bey de Tunis. Il représentait la Tunisie à l’exposition universelle de 1867 et il fut remonté dans le parc. Il servit de station météorologique puis, laissé à l’abandon, il brûla en 1991. On le voit dans « Cléo de 5 à 7 » quand Cléo rencontre Antoine. Un film qui m’avait beaucoup marquée à l’époque (j’avais 16 ans quand il est sorti).
Rocaille en ciment armé. Il n’existe plus qu’une vingtaine de rocailleurs en France.
poule d'eau
colvert
Nous quittons le parc pour faire un tour dans le quartier.
de l'autre côté du boulevard Jourdan, on voit la statue de Thomas Paine, philosophe
Cette région était autrefois peuplée de chiffonniers et appelée la Zone. Maintenant c’est un joli quartier avec des maisons d’architecte. Dans l’une a vécu et travaillé Georges Braque.
la rue Georges Braque :
square Montsouris :
maison dessinée par Le Corbusier :
Vestiges d’aqueducs : celui qui date de l’époque romaine
et l’aqueduc Médicis (il a été mis en place par Marie de Médicis au 17 è siècle).
Le réservoir actuel appelé réservoir Montsouris ou réservoir de la Vanne contient 200 000 m³ des eaux du Loing et du Lunain. Il approvisionne en eau 20 % des Parisiens.
Dans ce quartier, se trouve la Cité Universitaire.
2 commentaires -
Rosemonde et Henri Plantagenêt par Raymond-Quinsac Monvoisin (1790-1870).
Ce tableau exposé au Salon de 1827 représente Rosemonde Clifford et son amant Henri II Plantagenêt. Ils se retrouvaient en secret au palais de Woodstock. Aliénor les surprend (elle est représentée à gauche, pour donner davantage d'intensité dramatique) et le soir donne à Rosemonde le choix : poison ou poignard. C'est une légende car au moment de la mort de Rosemonde, Aliénor était emprisonnée depuis deux ans, sur ordre de son mari.
Une pièce de théâtre a été jouée en 1826 et le peintre a donné aux deux femmes le nom des actrices : Mlle Bourgoin et Lucinda Paradol.
Bacchus enfant par Julie Duvidal de Montferrier (1797-1865) future belle-soeur de Victor Hugo.
Le tableau est présenté au Salon de 1822 et connaît un grand succès. Julie de Montferrier est assistante du Baron Gérard , elle quitte ici le domaine réservé aux femmes (portraits et fleurs) pour entrer dans la peinture mythologique, à la limite de la peinture historique.
Le tableau est acheté par le duc d'Orléans, futur Louis-Philippe, pour orner la Galerie du Palais-Royal, aux côtés de Delacroix, Vernet, Devéria.... Pendant la Révolution de 1848, les tableaux sont brûlés mais celui-ci est le seul épargné. Julie le rachète en 1851, elle est d'ailleurs devenue Comtesse Hugo de par son mariage avec Abel qu'elle avait rencontré chez Adèle Foucher dont elle était la professeure. Après son mariage, elle ne travailla plus comme peintre professionnelle, les convenances le lui interdisant !
Jeune fille à genoux par Aimée Brune Pagès (1803-1866). En 1839, c'est la première femme à entrer au musée ouvert 14 ans auparavant..
Les scènes historiques sont très à la mode :
Condé et Mazarin, scènes de la Fronde par Eugène Devéria (1805-1865).
Le XVII è est en pleine découverte. Le tableau est commandé en 1829 par le Duc d'Orléans pour orner la Galerie du Palais-Royal et terminé en 1835.
Il raconte un épisode se situant avant la Fronde et raconté par le Cardinal de Retz dans ses Mémoires.Le duc de Longueville ne parvenant pas à obtenir de Mazarin le gouvernement de Pont-de-l'Arche, il demande à Condé d'intercéder. Le refus du Cardinal est considéré comme une offense. Un soir, Condé lui lance "Adieu, Mars" en lui tirant la barbe.
L'entrée de Mlle de Montpensier à Orléans pendant la Fronde en 1652. Par André Johannot (1800-1837). Johannot en a fait deux versions : la première, commandée par le futur Louis-Philippe en 1829 pour la Galerie. a brûlé en 1848. Cette version-ci avait été commandée par Madame Adélaïde, sœur du roi, pour son appartement.
Un tableau, attribué aux frères Beaubrun, représentant la même scène, se trouve aussi dans le musée. (étage XVII è)
Mort de Thomas Becket, archevêque de Canterbery, sous le règne de Henri II. par Émile-Édouard Mouchy (1802-1859).
C'était un élève de Guérin, comme Cogniet, Delacroix, Géricault, Schaffer.
La scène représente l'assassinat en 1170 de Thomas Becket par les partisans de Henri II Plantagenêt dans la cathédrale de Canterbery. Cet épisode a donné lieu à plusieurs romans et la pièce de théâtre de Jean Anouilh Becket ou l'honneur de Dieu (vue dans les années 70 avec Daniel Ivernel dans le rôle du roi).
La prise de Sétif par André Dauzats (1804_1868). Exposé au Salon de 1844.
Adrien Dauzats suit, avec plusieurs peintres, la conquête de l'Algérie menée par le Ferdinand-Philippe, duc D'Orléans, fils du roi Louis-Philippe.
Les Mokranis, seigneurs locaux, étaient divisés en deux factions : Abdessiam Mokrani, soutenu par Abd el Kader et Ahmed el Mokrani, soutenu par la France. Cette scène représente la soumission de El Mokrany, khalifa de la Medjanah, vêtu d'un burnous rouge, devant le Général Galbois qui devient commandant de la région. Cela se passait le 21 octobre 1839.
Le passage des Portes de Fer par Adrien Dauzats (1804-1868).
La scène se passe un peu après, le 28 novembre 1839. Le Duc d'Orléans part de Sétif avec 4000 hommes pour rejoindre Alger. Un soldat grave la date sur le rocher, les Arabes sont les partisans du chef Ahmed el Mokrani qui permet à l'armée de franchir le défilé. La France venant de violer le traité de la Tafna, la guerre reprend.
La postérité de Jeanne d'Arc par Auguste Glaize (1807-1893). Présenté au Salon de 1867.
Glaize est un élève des frères Devéria. Il réalise rarement des scènes historiques. En 1855, Félix Dupanloup, évêque d'Orléans (oui, c'est celui de la chanson paillarde), demande la canonisation de Jeanne D'Arc (celle-ci aura lieu plus tard, en 1920). Glaize représente ici Jeanne d'Arc, surmontée par la Vérité, la Justice, le Temps. Elle est couronnée par La Victoire qui tient la palme du martyre (habituellement réservée aux saints). À ses côtés se tiennent Charles VII et la Hire et tout à gauche, Cauchon, coupable de félonie.
Sainte Cécile, martyre par Alfred de Richemont (1857-1911, exposée au Salon de 1888. Patronne des musiciens, elle tient une lyre, symbole de la musique divine. La toile a été achetée par le Musée avant l'exposition par le directeur Eudoxe Marcille qui la paie en quatre ans.
Scènes de genre, prises dans un registre social :
L'enfant aux marionnettes par Louis Vincent Fouquet (1803-1869).
Fouquet entre à l'école gratuite de dessin d'Orléans, fondée par Aignan-Thomas Desfriches. Puis il devient l'élève d'Alexandre-Gabriel Decamps. Le tableau a été exposé au Salon de 1833 et eu beaucoup de succès.
Savoyards avec un chien par Louis Toussaint Rossignon. Salon de 1831
Les deux orphelins par Claudius Jacquand (1803-1878). 1846.
Opposition entre la situation aisée autrefois des deux enfants (riches tissus dans la malle, une épée indique que le père devait être militaire) et la situation actuelle (matelas rapiécé, vêtements pauvres, pieds nus, chandelle éteinte)
Grande salle des grands tableaux
Les tableaux sont exposés sur un mur rouge foncé sur plusieurs niveaux. C’est un peu chargé, certains tableaux sont immenses et cela m’évoque aussi la façon dont étaient agencées les salles de musées ou les ateliers des peintres étaient sans doute autrefois (par exemple l’atelier de Gustave Moreau).
la princesse Marie d'Orléans dans son atelier par Ary Scheffer (1795-1858).
Le futur Louis Philippe confie l'éducation artistique de ses enfants au peintre Ary Scheffer, élève de Guérin, comme Cogniet, Géricault, Delacroix. Scheffer expose à partir de 1812. À son contact, Ferdinand et Marie d'Orléans développent un goût pour cette nouvelle école qui éclot dans les Salons de peinture et en littérature (Dumas). Marie d'Orléans sculpte une Jeanne d'Arc en marbre. En 1837, elle épouse le duc de Wurtemberg et demande son portrait à Ary Scheffer.
Celui-ci la représente en train de travailler. Louise, reine des Belges, sa sœur aînée, commande une réplique (c'est ce tableau) et le lègue au fils de Marie, décédée à 26 ans de tuberculose. Le tableau reste dans la famille jusqu'en 2022, date à laquelle elle est achetée par le musée.
La mort d'Ugolin et de ses enfants dans la tour de la faim par Sébastien Norblin de la Gourdaine, dit Sobeck (1796-1884). 1833.
Ugolino della Gherardesca, tyran de Pise et chef des Gibelins. Il trahit son parti pour mieux régner sur la cité. Mais son plan ne réussit pas et il emprisonné dans la tour des Gualandi avec ses fils et petits-fils pour y mourir de faim.
Homme noir prosterné par Hippolyte Flandrin (1809-1864).
Les frères Paul et Hippolyte Flandrin étaient élèves d'Ingres. Hippolyte a remporté le Prix de Rome en 1832. Il est donc allé à la Villa Médicis et ce tableau est son travail de 5 ème année. Les artistes qui ont remporté le Prix de Rome sont directement acceptés au musée. Hippolyte a ensuite obtenu la commande des peintures murales de l'église Saint Paul de Nîmes. Il réalise une composition dans laquelle un roi et un esclave se prosternent devant le Christ. C'est cette étude qui est exposée ici (1846).
L’apothéose de la canaille ou le triomphe de Robert Macaire par Louis-Maurice Boutet de Monvel (1850, Orléans – 1913, Paris).
Le tableau a été peint pour le Salon de 1885. Cette toile caricaturale, violemment anti-républicaine, critique de la Commune mais aussi de la démocratie et du suffrage universel, joue sur la peur causée par la République. Comme de nombreux monarchistes, Boutet de Monvet a fui Paris au moment de la Commune et son tableau n'a rien à voir avec la réalité.
Le personnage représenté tout au sommet est le brigand Robert Macaire (voleur et assassin, héros de « l’auberge des Adrets »), il bénit une sorte de roi des gueux. Il est accompagné de son compère Bertrand qui joue de la grosse caisse. Le roi des gueux est armé d’un couteau et d’une bouteille de vin et foule de ses pieds la France.
Le tableau, d'abord accepté au Salon, a été retiré quelques jours avant pour éviter les échauffourées (cela se situe au moment de la crise du Tonkin et de la chute du gouvernement Ferry). Le journal "Le Figaro" proteste et expose a toile dans ses locaux. Le communard Henri Rochefort lui-même, condamne cette décision de retrait, au nom de la liberté de l'art.
Un peu plus tard, le caricaturiste Pépin dessine "L'apothéose de la Monarchie" en copiant la composition triangulaire du tableau et les positions des personnages. Cette toile réapparaît en 1980 et est acquise par le musée.
Girodet, autoportrait (je ne sais plus dans quelle salle). Girodet (1767-1824) est un peintre né à Montargis (le musée porte son nom). Élève d'Ingres, il se situe à la charnière de la peinture néoclassique et de la peinture romantique. Il a eu le Prix de Rome en 1789.
Prométhée par Arthur Mercier
Vénus sortant du bain par Dominique Moolknecht
Alexandre Antigna
Des tableaux d'Antigna sont dans la grande salle et la salle voisine lui est entièrement consacrée. Alexandre Antigna (1817, Orléans – 1878, Paris). Antigna entre à l'école gratuite de dessin d'Orléans puis va à Paris à l'école des Beaux-Arts dans l'atelier de Sébastien Norblin puis dans celui de Paul Delaroche. Il s’inspire des tableaux des peintres espagnols, Murillo, Zurbaran, Ribera, Velasquez, vus au Louvre. La critique lui reproche ses couleurs sombres. Il voyage un peu partout en France, puis en Espagne. Dans les années 1850, il rencontre George Sand à Gargilesse.
L'incendie. Présenté au Salon de 1850. Antigna représente l'instant qui précède le drame et fait frissonner à l'idée de l'horreur à venir, l'incendie qui va envahir la pièce dès que la porte sera ouverte. Il nous fait entrer dans le quotidien des classes populaires sans pour autant porter de discours politique, contrairement à Courbet qui expose la même année "les casseurs de pierres".
Après le bain par Antigna. 1849. Ce tableau, aux corps parfaits, sans polis ni cellulite par convenance, a eu un énorme succès à Paris. Mais il a choqué à Orléans, Dans un premier temps, le pubis de la femme allongé a été couvert par un linge puis le tableau a été caché dans une salle à laquelle on n'avait accès que sur rendez-vous (et cela pendant 30 ans).
« Etude de tête de vieille femme »
Pauvre femme. 1857
Le Roi des moutards. 1869. Dans les années 1860, sa palette se fait plus claire et plus colorée. Il achète une maison en Bretagne. Ce tableau rencontre un grand succès au Salon de 1869. Ce tableau qui représente une rivalité de pouvoir entre de jeunes garçons est une parodie du vainqueur et des défilés militaires. Le tableau a beaucoup de succès au Portugal, aux États-Unis, en Angleterre. Il réapparaît en 1980 dans une vente publique où le musée l'achète pour 55 000F.
Les Aragonaises d'Anso. 1872. Les deux petits Bohémiens jouent un morceau de flûte devant deux riches aragonaises. Le bébé joufflu donne une pièce d'or au petit garçon ébloui par l'éclat de la pièce.
Cousquet-hi (Elle dort). 1872.
Terres cuites du baron Henry de Triqueti. Les statuettes ont été dépoussiérées, nettoyées.
Henry de Triqueti épouse la petite-fille du sculpteur britannique Tomas Banks. Il reçoit une commande de la Reine Victoria : décoration murale de la chapelle du Prince Albert au château de Winsor.
Les statuettes sont faites en terre cuite, quand une œuvre a été choisie, elle est réalisée en ivoire. Ce sont des œuvres uniques. Triqueti est influencé par les sculpteurs de la Renaissance.
Les œuvres de Triqueti ne sont plus qu'ici, à Montargis (musée Girodet) et en Angleterre.
Bacchus enfant faisant boire un bouc. 1848. Bacchus (Dionysos) est confié aux nymphes du mont Nysa qui le nourrissent du lait des chèvres. Mais Bacchus préfère le vin. Ici, il tente d'enivrer un bouc.
Carnet de voyage de Charles Pensée :
un autre carnet de voyage :
autres articles sur le musée d'Orléans :
XVII è : CLIC
XVIII è : CLIC
XIX è Cogniet : CLIC
époque moderne et contemporaine, de 1870 à nos jours : CLIC
un site très intéressant : CLIC
2 commentaires -
Des lapins et des poissons
Productions des enfants
lapin sauteur. Facile à faire, moins facile à faire sauter !
1 commentaire -
Très bonne soirée musicale et poétique à Buthiers avec Emmanuelle Favrier (j'avais beaucoup aimé "Le courage qu'il faut aux rivières", sur les vierges jurées d'Albanie) ;
j'ai acheté "Virginia", enfance et adolescence de celle qui deviendra Woolf Lecture de poèmes en musique (Abdelhadi El Rharbi). Beaucoup de bonheur.
Instruments de musique : le bendir (sorte de tambourin), le tambour de printemps, l'oud et d'autres instruments
votre commentaire -
salles du XIX è (1815-1870)
Les salles consacrées à cette époque se trouvent au premier et second entresol.
Les salles du premier entresol sont essentiellement consacrées à Léon Cogniet, au Prix de Rome et au voyage en Italie et également à quelques peintres de la période allant jusqu'à la monarchie de Louis-Philippe.
Léon Coignet (1794-1880)
Il devient l'élève de Guérin, à Paris, comme Delacroix et Géricault dont il devient l'ami et Ary Scheffer.
Il obtient le prix de perspective en 1814, le prix du Torse en 1815.
portrait d'un jeune homme dit autrefois autoportrait 1822
En 1815, il est deuxième pour le Prix de Rome qu'il obtient en 1817 pour Hélène délivrée par Castor et Pollux. Cet épisode de la vie d'Hélène de Troie se situe bien avant la guerre de Troie, mais quand elle a été enlevée par Thésée et délivrée par ses frères, les Dioscures.
Il part à Rome, à la Villa Médicis, avec son ami Achille-Etna Michallon, premier lauréat du prix de Rome paysage historique (en 1817). Le Prix de Rome a existé de 1663 à 1968. Il n'a été ouvert aux femmes qu'en 1903.
Michallon est considéré comme l'un des précurseurs de l'école de Barbizon (il a eu Corot pour élève).
Mazzochi, brigand italien par Michallon. 1820. Stendhal évoquait dans son Voyage en Italie ce bandit qui semait la terreur dans la région de Rome avec son complice Garbarone et leur bande. Cogniet se rend à la prison, avec son ami Léopold Robert, pour peindre ce personnage haut en couleurs.
Ravins de Sorente par Michallon. 1819
vue des toits de Saint-Paterne, Orléans par Corot . 1830
Escalier taillé dans le roc descendant à Anna Capri. par Jean-Charles Joseph Rémond. Ce peintre fut le second peintre paysagiste à bénéficier d'une bourse pour séjourner à la villa Médicis. Le nouveau règlement imposait aux peintres de réaliser trois sortes de tableaux : paysage agreste ou de montagne, paysage avec monument en ruine et paysage côtier, en y incluant des silhouettes. Cet escalier de 800 marches était à l'époque, le seul moyen d'aller d'Anacapri au port ; heureusement quand nous y sommes allés, une navette, bondée, épargnait nos jambes.
Léon Cogniet exécute surtout des tableaux de petit format
Tableaux peints lors de son séjour en Italie :
Une vue sur la montagne bleue
Vue de la tour des milices depuis la Villa Médicis à droite et vasque de la villa Médicis 1822
Étude de paysage, le lac de Némi (à gauche)
Feu d'artifice au château Saint-Ange à Rome. Depuis 1471, un spectaculaire feu d'artifice , la Girandola, est tiré depuis le château Saint-Ange, d'abord sépulture des empereurs romains, puis forteresse de la papauté et enfin prison pendant le XIX è siècle. Il était tiré à l'occasion d'événements solennels comme Pâques, l'élection d'un nouveau pape, la fête des sts Pierre et Paul. Il tire son nom de la roue portative envoyant des fusées et fut très souvent peint par les artistes. Cogniet l'a représenté à plusieurs reprises. Les peintres aimaient peindre les scènes d'incendies , de feux.
Groupe de bâtiments abandonnés, environs de Rome.1818. Plus tard, il abandonnera la peinture de paysage au profit des portraits et ne la reprendra que dans les années 1870 sur les côtes normandes.
paysanne 1820
L'artiste dessinant 1820-22, autoportrait
ruines d'un temple près d'une montagne 1818-22
Le massacre des Innocents est exposé au musée de Rennes. Ici ce sont des études préliminaires (le tableau définitif est au musée de Rennes). Exposé au Salon de 1824, il connaît un grand succès. La mère cache son enfant et l'empêche de pleurer pendant que le massacre se déroule dans l'escalier. On espère qu'elle va sauver son enfant mais elle ne sait pas qu'un soldat, armé d'un glaive arrive vers elle en poursuivant une mère et ses deux bébés.
tableau final exposé à Rennes :
À côté de ce tableau, Massacre de Scio, Travaux préparatoires. Delacroix évoque ici l'histoire contemporaine, les peintres exécutant le plus souvent des tableaux religieux ou mythologiques. L'opinion publique est à ce moment très émue par la guerre d'indépendance de la Grèce contre les Turcs (1821/30), la mort de Lord Byron à Missolonghi en 1824. Delacroix évoque ici les massacres qui ont lieu dans l'île de Scio en 1822.
tableau final Les massacres de Scio
Enlèvement de Rebecca par le templier de Bois Guibert. Les romans de Walter Scott connaissent un grand succès. Ici, Cogniet a représenté un épisode d' Ivanhoé. 1828. Delacroix a peint également cette scène en 1846.
les Drapeaux Le tableau évoque la Révolution de 1830. Ceci est une esquisse pour un tableau qui ne verra jamais le jour. Les trois drapeaux, un par jour, symbolisent le remplacement du drapeau blanc de la monarchie par le drapeau tricolore au cours des "Trois glorieuses" des 27, 28 et 29 juillet. À gauche, le drapeau royaliste (fleur de lis et armes de France) flotte au-dessus des fumées noires des combats. Au milieu, le drapeau déchiré laisse apparaître le bleu du ciel et un peu de rouge, l'emblème de la royauté a été emporté par un coup de canon. Celui de droite n'a plus de fleur de lis, le rouge est celui du sang des révolutionnaires (quelques gouttes tombent encore). La fumée passe du noir des combats au rouge des combats plus violents, décisifs et pleins d'espoir et la fumée blanche se délite sur un ciel bleu plus serein.
À partir de 1831, Delacroix et Cogniet ne se fréquentent plus.
Cogniet peint des portraits officiels, des portraits mondains et celui de la Veuve Clicquot (château de Brissac). Il se consacre à l'enseignement (a pour élèves Degas et Nélie Jacquemart)
portrait de la Veuve Clicquot. esquisse 1860-62. La veuve Cliquot (1777-1866) est la première femme à se lancer dans la production vinicole et prospère dans la fabrication du champagne. Sa fille épouse le comte de Chevigné, sa petite-fille le comte de Mortemart, son arrière-petite-fille le duc d'Uzès. Ici, elle est représentée dans le parc du château de Boursault avec son arrière-petite-fille, Anne de Rochechouard de Mortemart.
portrait de Charles X . 1828-30. Le portrait a été peint à la fin du règne.
Portrait de Jeanne d'Amys de Ponceau (deuxième duchesse de Luynes) 1850-55. Le tableau a été présenté à l'exposition universelle de 1855. La duchesse tient dans ses mains les plans du château de Dampierre-en-Yvelines que le duc fait aménager. Le tableau a été acquis en vente aux enchères en 2019.
Eugénie- Louise Adélaïde, princesse d'Orléans, dite Madame Adélaïde. 1838
La bataille du Mont Thabor. peint en 1843. Ce tableau est une commande pour décorer le nouveau musée de l'Histoire de France que louis Philippe ouvre à Versailles entre 1837 et 1844. Cogniet, surchargé par les commandes, collabore avec les meilleurs élèves de son atelier qu'il a ouvert en 1830. Ce tableau-ci est peint avec Félix Philippoteaux. Par ce tableau, Louis Philippe souhaite réconcilier la Nation avec la Révolution et l'Empire, dénigrés sous la Restauration. La bataille a eu lieu le 16 avril 1799. Kleber est appelé au secours des habitants de Saint-Jean-D'Acre. À droite, l'armée française forme un V devant l'armée ottomane qui fuit en débandade. Cogniet n'a pas voulu mettre l'accent sur les généraux mais montrer que les véritables héros sont les soldats citoyens.
le général Foy au combat d'Orthez. La bataille a eu lieu en 1814 (défaite des troupes napoléoniennes). Le général Foy demande qu'on soigne d'autres soldats plus gravement blessés que lui.
Velleda dans la tempête. 1830-35. Velleda, prêtresse gauloise, est la principale héroïne des livres 9 et 10 des Martyrs, poème en prose écrit par chateaubriand. La druidesse apparaît à Eudore, chef romain chrétien, alors qu'elle traverse un lac pour se rendre à l'assemblée des gaulois dans la forêt. Dans ce tableau, sont rassemblés tous les éléments du drame romantique, les flots tumultueux, les nuages noirs, la tempête...
Marie-Amélie Cogniet (1798-1869), sœur de Léon, a été son élève et a peint l'atelier de son frère (9, rue de la grange aux belles) en 1831. Elle a également dirigé entre 1840 et 1860 un atelier "pour dames" que son frère avait ouvert rue des Marais Saint-Martin, pendant que lui, dirigeait l'atelier pour "messieurs". Une des élèves de Marie-Amélie, Catherine Thévenin (1813-1892), prend la direction de l'atelier à la suite de Marie Amélie et épouse Léon Cogniet en 1865.
Marie-Amélie Cogniet par Léon Cogniet
Léon Coignet dans son atelier. par Marie-Amélie Cogniet. Le tableau montre la grande verrière, généralement orientée au nord. Une échelle permet d'accéder à la verrière afin de pouvoir régler l'intensité de la lumière à l'aide de toiles. Au centre, Léon Cogniet, vêtu d'une redingote à col noir, réfléchit ou regarde-t-il un de ses tableaux ? À droite, la Vénus de Médicis, en plâtre, est posée sur un poêle. Au pied de la statue, en partie caché, un buste d'Homère. Contre le poêle, une étude pour le portrait du maréchal Nicolas Joseph Maison (le portrait a été commandé pour orner la salle des Maréchaux au Palais des Tuileries, qui sera détruit en 1871. Marie Amélie s'est représentée dans le fond en train de peindre. Derrière elle, un porte jaune qui ouvre sur un petit cabinet.
Intérieur de l'atelier de Léon Cogniet en 1831 . Par Marie-Amélie Cogniet . C'est le même atelier, mais vu de l'autre côté. Cogniet est à gauche, en blouse blanche d'artiste. Il se tient appuyé contre l'échelle qui mène à la verrière. Il travaille sur L'expédition d'Égypte sous les ordres de Bonaparte.
Marie -Amélie est coiffée à la mode romantique. Le pinceau à la main, elle attend les ordres ou les indications de son frère. Dans l'atelier, se trouvent deux autres élèves. Au fond, on retrouve ce qu'on voyait dans le premier tableau : le poêle en faïence, la Vénus. Sur le mur du fond, une toile de Cogniet, Abel et Caïn. Sous la toile, ce serait le masque mortuaire de Géricault, mort en 1824 et ami de Cogniet
Les ateliers pour femmes : deux tableaux peints par Caroline Thévenin (1813-1892), future Madame Cogniet.
Le premier tableau (1836) représente l'atelier de Léon Cogniet qu'il avait ouvert aux jeunes filles. L'atelier pour hommes prépare au Prix de Rome alors que les cours donnés aux jeunes filles ont une vocation mondaine. Une femme copie Diane chasseresse, les élèves travaillent en regardant les plâtres qui remplacent les modèles vivants, jugés peu convenables. Dans l'atelier de Cogniet s'est formée Rosa Bonheur.
L'atelier de jeunes filles de Léon Cogniet, par Caroline Thévenin-Cogniet
intérieur d'un atelier de jeunes filles, par Caroline Thévenin-Cogniet
la mort est un thème cher à cette époque :
esquisses de Mlle B. morte. c'était une de ses élèves. 1843
Autoportrait peignant son élève Mlle B, morte. 1843
Le Tintoret peignant sa fille morte par Léon Cogniet. 1843. Rien ne prouve que Tintoret ait peint sa fille !
La confession par Marie-Amélie Cogniet. 1842. Le Giaour, poème de Byron, était très à la mode. Pour se venger de l'assassinat de sa bien-aimée Laïla, esclace circassienne, par son ma^tre le pacha Hassa, un soldat chrétien (appelé le Giaour ce qui signifie non-musulman) tue ce dernier et se retire dans un couvent. Sur son lit de mort, il confesse son crime au vieux prêtre pendant qu'apparaît sa bien-aimée. Delacroix a peint plusieurs tableaux tirés de ce conte. Celui de Marie-Amélie traite le sujet un peu comme au théâtre, avec des rideaux et le regard exorbité du mourant.
tête de Fieschi par Hugues Fourau. Fieschi a été décapité en 1836 après un attentat contre Louis Philippe.
autres articles sur le musée d'Orléans :
XVII è CLIC
XVIII è ; CLIC
XIX è de 1815 à 1870 : CLIC
période moderne et contemporaine, de 1870 à nos jours : CLIC
votre commentaire