Dans les pays hispaniques, ceux qui se prénomment Joseph (ou José) sont surnommés « pépé ».

Joseph étant le père putatif de Jésus (padre putativo), il est désigné par ces initiales de « p.p. » donnant « pépé »

La constitution espagnole de 1812 (on se situe peu après le passage des Français en Espagne) ou Constitution de Cadix est appelée la Peppa car elle a été promulguée le 19 mars 1808, fête de la Saint Joseph.

 

Visite le 14 mars au musée de l'Imprimerie (Malesherbes) de deux expositions de Jean-Claude Morice : "Cinq bleuets" et "Gueules cassées"

 

C'est Jean-Marc Providence, directeur du musée qui nous guide à travers les expositions. L'artiste est venu également présenter ses expositions lors de la lecture "La chambre des officiers" de Marc Dugain le 20 janvier et lors du finissage le 16 mars.

 

 

Jean-Claude Morice est un artiste originaire du Perche qui habite à Chartres. En 1955, il a étudié à Châteaudun, au lycée Émile-Zola. Puis il part à Paris pour étudier à la Sorbonne en lettres modernes et parallèlement il suit des cours de dessin. Agrégé d'arts plastiques, il enseigne pendant 20 ans. Il a écrit "L'accès des handicapés visuels dans les musées" (1996). La rencontre avec Tomas Divi, peintre espagnol (1904-1971) qui vivait à Châteaudun a été très importante. Jean-Claude Morice était ami avec Denis Roche (→ L’esperluette qui fit sa vraie apparition dans ma vie du temps de Maison & Jardin, il y a des décennies. Signe dont je ne connaissais alors pas le nom, et je me souviens de nos conversations autour de lui. Belle remarque de Karine Miermont qu’il ne s’agit ni vraiment d’une lettre, ni vraiment d’une image. Et cela correspondait bien au magazine Maison & Jardin qui publiait des reportages sur des intérieurs ou des jardins somptueux en général. & moi, à Maison & Jardin, je m’occupais essentiellement des textes ! ) Jean-Marc nous lit le poème "Un bouquet d'esperluette" (je ne retrouve pas le texte).

 

Jean-Claude Morice rencontre Pascal Mahou, artiste plasticien qui travaille sur des trames formées de carreaux 10x10.

 

Il rencontre également Jean Guitet, créateur du "livre-objet". À propos du livre-objet, Pierre Bergounioux, écrivain et sculpteur, fait un livre-objet par semaine.

 

 

 

Jean-Claude Morice travaille sur des séries : les drapeaux (années 70), il a inventé des drapeaux avec des couleurs qui ne sont sur aucun drapeau,

 

les comptes (années 80), il y a des trames qui rappellent le travail de Pierre Alechinsky, peintre et graveur belge, membre du groupe COBRA et qui dessine sur des papiers qui ont déjà une histoire.. "Laissez parler le silence du papier" disait Valentine Hugo.

 

les cartes (années 90), , c'est un travail de peintre, composition entre le figuratif et l'abstrait

 

les figures (années 2000), les gens d'aujourd'hui dans des figures d'hier. Il était fasciné par la Norvège et les runes. Sa fille Isabelle est mariée avec un grand sculpteur à Oslo.

 

Poupées Kashina (Marseille)

 

les campagnes d'Alexandre,

 

les P.O.S (années 2010)

 

Il s'intéresse au travail de l'américain Cy Tombly, mort en 2011. 

 

 

 

La série des Gueules cassées

 

La guerre de 14/18 a causé 9 millions de morts et 4 millions de blessés dont 500 000 atteints au visage. Pendant cette guerre, 900 hommes français et 1300 allemands meurent par jour. 40% ont eu au moins une blessure. Sur cinq soldats, un n'est pas revenu. Sur les monuments aux morts, on voit parfois plusieurs hommes portant le même nom (frères ? père et fils ?)

 

 

 

2 millions d'hommes ont une invalidité d'au moins 10 %. La moitié des blessés l'ont été deux fois et 10 000 trois ou quatre fois.

 

Ils ont été blessés par balle et obus et aussi par gaz (les soldats essaient de se protéger aev les masques à gaz contre l'ypérite.. Il n'y a pas de soins adaptés. Les premiers soins étaient donnés par les blessés eux-mêmes avec le pansement qu'ils avaient dans leur paquetage.

 

On ne pouvait pas soigner un blessé sur place.

 

Le blessé était d'abord transporté vers un poste de secours via les tranchées dans la boue, parfois deux ou trois jours après la blessure. Il n'y avait pas de trêve pour ramasser les blessés. Puis le blessé arrivait au poste de secours et ensuite il était transporté par ambulance vers l'hôpital.

 

La répartition des blessés dans les salles se faisait en fonction des lésions mais aussi du grade (lire "La chambre des officiers" de Marc Dugain.

 

Des voitures Marie Curie font des radios. L'asepsie et l'antisepsie se développent.

 

Une association, l'UBFT (Union des Blessés de la Face et de la Tête) est créée en 1921 organise un tirage de loterie pour construire des hôpitaux et développer la chirurgie faciale. Elle détient toujours 9 % des parts de la Française des Jeux organisatrice du Loto.

 

Les tableaux ont été encadrés mais pas mis sous verre car l'artiste veut garder une proximité avec le spectateur. L'exposition regroupe 32 dessins sur les 250 créés.

 

 

 

L'artiste ne veut pas montrer ce qui se voit sur les photos : les plaies saignantes. Les personnages sont soignés, lisses. Sur certains dessins, des fils suggèrent les blessures à la bouche.

 

Jean-Claude Morice a travaillé de plusieurs façons

 

2023 : sur papier kraft

 

2021 : deux tableaux sur fond noir, à la manière de Tapiès

 

2021 : manière cubiste. Il utilise le papier qui entoure les baguettes de pain qu'il achète chez le boulanger

 

2021 : papier crépon avec des couleurs. Un masque devant la bouche symbolise l'irracontable.

 

2022 et 2023 : pastels colorés. Les bouches ont des dents

 

2024 : quatre tableaux en morceaux déchirés

 

2023 : cinq tableaux sur fonds laiteux. Le dernier de la série est sorti de l'hôpital et guéri.

 

2021 en couleur à la façon de Paul Klee. Cadrage sur le visage. On comprend mieux que les tableaux en noir.

 

2022 référence à Cy Twombly. Gouache, acrylique, lavis, crayon graphite, gribouillages

Un petit jeu pour terminer : à quelles séries se réfèrent ces trois extraits de tableaux. ?

 

 

 

Les cinq bleuets

 

Jean-Claude avait commencé à travailler sur sa série des Gueules Cassées quand il a retrouvé, en 2021, dans la maison familiale d' Authon-du-Perche, une vieille carte postale avec un message adressé à sa cousine Reine Vallée surnommée Cousine Coucou. La carte, signée Louis Guéret, est datée du 26 février 1917. Louis ne peut pas dire où il se trouve (secret défense !) mais il évoque un petit village de la taille de Chapelle-Royale, situé près de Authon (la cousine habite Chapelle -Royale). Il couche dans la paille dans une maison évacuée par les habitants. Il n'est pas encore sur les lieux de combat car il dit qu'il n'est pas trop mal, moins embêté que dans le dépôt de Versailles.

 

Sur la carte, on voit cinq jeunes soldats d'une vingtaine d'années. Les Poilus surnommaient les nouveaux soldats les "bleuets" en référence à leurs uniformes bleus encore propres.

 

 

Après la guerre, deux infirmières, Charlotte Malleterre et Suzanne Leenhardt, avaient créé un atelier à l'hôpital des Invalides dans lequel elle fabriquaient des fleurs de bleuet en tissu pour redonner goût à la vie aux blessés. Pourquoi des bleuets ? référence aux jeunes soldats appelés bleuets ? première couleur du drapeau français ? on dit aussi que les bleuets continuaient à pousser sur les champs de combat.

 

 

 

Quand Jean-Claude Morice trouve cette carte postale, il décide de reconstituer en dessins l'histoire de ces cinq bleuets.

 

Dès lors, les travaux sur les bleuets et les gueules cassées se télescopent.

 

 

 

Son fils Louis Morice, journaliste à Nouvelobs.com, a écrit un très beau texte pour nous permettre de comprendre les dessins. Jean-Claude Morice a imaginé le destin de chacun de ces soldats dont il ne connaît pas l'identité. Pour chaque soldat, il y a trois dessins : le personnage avant le départ, l'appelé, le soldat.

 

 

Les dessins sont faits sur fond de carte routière

 

Le premier est André, ouvrier agricole

 

Le second, Marcel, menuisier, ressemble à Manda de "Casque d'Or"

 

Le troisième est Anselme, imprimeur

 

Le quatrième est Louis, instituteur

 

Le dernier, Gustave est propriétaire agricole (les hommes plus âgés partis au front, il a dû prendre en charge l'exploitation. Quand il sera parti, les femmes s'occuperont de la ferme)

 

 

 

Cette  exposition se termine par un poème d'Aragon

 

et un texte sur l'importance de la carte postale

 

On envoyait beaucoup de cartes postales à cette époque, pour les vœux, pour Noël, pour le poisson d'avril, pour Pâques, pour le premier mai. Pendant la guerre, les soldats envoyaient des cartes postales : leur portrait, seul ou en groupe, des cartes des lieux de combats ou d'hôpitaux militaires, des cartes sentimentales, des cartes humoristiques, des cartes grivoises.

 

 

 

Après des recherches sur Geneanet, j'ai trouvé ceci :

 

Louis Guéret serait fils de André Guéret et d'Eugénie Louise Robillard. (mariés à Arrou en 1891)

 

Cette Eugénie Louise Robillard avait une sœur, Angèle Florentine Robillard mariée avec Augustin Clément Vallée (en 1893) Ils ont eu deux filles : Reine Augustine Vallée (1894 à Chapelle Royale-1939 à Nogent-le-Rotrou)

 

et Jeanne Célestine Vallée (1896-1921), la "Janne" dont Louis parle dans sa carte

 

Le couple Guéret-Robillard a eu 4 enfants : Omer Gaëtan, Raymonde. Ludovic Désiré (né et décédé en 1896), André Valentin (1902-1908) et Louis Désiré, notre bleuet (né le 21-11-1897 à La Bazoche Gouet) et décédé le 12-10-1987 à Châteaudun). Marié à Arrou le 21-06-1920 avec Mathilde Biou. Pas trouvé d'enfants. Il était entrepreneur de battage.

 

Cette fois, tout concorde, Louis est bien de la classe 17, était cousin germain de Reine et Jeanne du côté de leurs mères . Sa cousine était de Chapelle Royale comme évoqué dans la carte. 

 

 

 

 

En 1894, le roi Alphonse XIII (1886-1941) avait huit ans et il venait de perdre une dent de lait, ce qui l'avait terrorisé. Sa mère, la reine Maria Christina, alors régente pour son fils, demanda au père jésuite Luis Colma (1851-1915) d'inventer une histoire. Il créa donc El Ratoncito Pérez. (ratoncito = petite souris). Il existe sans doute plusieurs versions (par exemple quand le ratoncito va à la recherche de la dent dans les canalisations et doit se méfier du chat Gaiferos).

Nicole nous raconte celle-ci :

 

La petite souris tomba et se cassa une dent. Alors, la petite souris part à la recherche d'une nouvelle dent et rencontre la señora  Gallina à qui elle demande une dent. "Mais je n'ai pas de dents" répond la petite poule qui lui donne un bonbon pour la consoler.

La petite souris repart, suivie de Gallina. Elles rencontrent la senorita Rana. "Je n'ai pas de dents" dit la petite grenouille, "mais voici une petite pièce".

L'une derrière l'autre, les trois amies cheminent jusqu'au pré où se repose un âne... "Je suis trop vieux, se lamente el Burro, je n'ai plus de dents" et il donne un petit ballon à la petite souris.

Et les voilà partis, la petite souris devant et par derrière la poule, la grenouille, l'âne. Ils rencontrent Bùho qui hulule dans la nuit. "Hou, hou, je n'ai pas de dents mais allez voir La Luna, elle saura ce qu'il faut faire. Allez jusqu'à son rayon de lune qui balaie le sol".

Tout le monde se remet en route et au pied du rayon de lune, trouvent une petite maison. La fenêtre est ouverte et ils entrent par là (El Burro a un peu de mal à passer mais il réussit sans abîmer les pots de fleurs qui ornent le rebord de la fenêtre).

Bien pelotonné au fond d'un lit, se trouve un petit garçon, appelons-le Buby, c'était le surnom que donnait la reine au petit roi Alphonse XIII. Et, sur la table de chevet, une petite dent brille sous la lumière lunaire ! La petite souris prend la petite dent, la remet dans sa bouche, et dépose à la place le bonbon, la petite pièce, le petit ballon et ils s'en retournent, tout contents, sans faire de bruit !

 d'après un tuto youtube de virginie Lucas :

 image prise par Nicole, notre accompagnatrice, à Séville :

 Isidore de Séville (560-636) fut évêque de Séville (alors appelée Hispalis, qui faisait partie du royaume wisigothique). Son épiscopat fut marqué par une lutte contre le judaïsme et les conversions forcées. Il est aussi connu pour ses Étymologies en 20 volumes dont la structure rappelle les bases de données et le classement alphabétique. C'est pourquoi il a été proclamé patron des internautes et des encyclopédistes en 2002.

Portrait par Murillo

Quel rapport entre Saint-Georges, Cervantès, Shakespeare, la journée mondiale du livre des droits d'auteur ?

 

Miguel de Cervantès et William Shakespeare sont morts tous les deux le 23 avril 1616. Et pourtant Cervantès est mort 10 jours avant Shakespeare.

 

Le 23 avril 303 c'est aussi la date de la mort de Saint Georges (celui qui a tué l'horrible dragon du marécage de Silène et délivré la fille du roi promise au repas du dragon).

 

                                                                                                                                                                                                               

 

Garcilaso de la Vega est aussi décédé le 23 avril 1616, Cordoue. Il est né à Cuzco et a écrit des livres sur les incas.

 

En 1582, certains pays d'Europe (la France, l'Espagne, l'Italie notamment) adoptent le calendrier grégorien institué par la pape Grégoire XIII. En effet, le calendrier précédent, le calendrier julien, affichait un retard de 10 jours par rapport à l'année astronomique, ce qui était gênant pour fixer la date de Pâques. À propos des années bissextiles, les deux derniers chiffres de l'année forment un nombre divisible par 4 : 2024 est bissextile. Mais si l'année est divisible par 100 sans l'être par 400, l'année n'est pas bissextile : 2000 est une année bissextile mais pas 1900.

 

Le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 fut donc le vendredi 15 octobre. En France, certains curés continuèrent avec le calendrier julien, "ancien style", cela n'est pas toujours pratique quand on fait de la généalogie, mais comme il est souvent indiqué un âge approximatif sur l'acte de décès dans les années 1600, ce n'est pas très gênant.

 

L'Angleterre conserva le calendrier julien jusqu'en 1752. C'est pourquoi, les dates sont officiellement les mêmes, alors que les Espagnols sont morts 10 jours avant.

Cervantès

Shakespeare :

 

 

Revenons à la date du 23 avril, fête de Saint Georges. Cette date a été choisie pour la journée mondiale du livre et des droits d'auteur. En Catalogne, il est de tradition d'offrir une rose rouge ou un livre avec rose rouge à sa fiancée (comme Saint Georges à la princesse délivrée) et la fiancée offre un livre.