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Oradour-sur-Glane
On ne pouvait pas passer près de Limoges sans nous arrêter à Oradour-sur-Glane.
Le Centre de la Mémoire est ouvert depuis 1999 et de là, on peut se recueillir dans l'ancien village, conservé à l'état de ruines, village où furent massacrées 643 personnes par une unité de la waffen SS le 10 juin 1944.
Dans le centre, des panneaux traitent du nazisme en Allemagne, de la France sous le régime de Vichy, des massacres perpétrés aux alentours de Limoges, des photos d'Oradour avant, le procès de Bordeaux, la reconstruction d'un village à côté. Sur le sol d'une vidéo, il y a des citations invitant à réfléchir sur la paix.
Il y a aussi les photos de toutes ces personnes massacrées, des peintures de Fernand Léger, Picasso, Grammaire, André Fougeron, un poème d'Aragon.
chanson de la caravane d'Oradour (Aragon)
Nous n'irons plus à Compostelle
Des coquilles à nos bâtons
A saints nouveaux nouveaux autels
Et comme nos chansons nouvelles
Les enseignes que nous portons
Que nos caravanes s'avancent
Vers ces lieux marqués par le sang
Une plaie au cœur de la France
Y rappelle à l'indifférence
Le massacre des Innocents
Vous qui survivez à vos fils
En vain vous priez jour et nuit
que le châtiment s'accomplisse
Et la terre en vain crie justice
Le ciel lui refuse la pluie
O mamans restées sans amour
Sur les tombes de vos héros
La même lumière du jour
Baigne les ruines d'Oradour
Et les yeux vivants des bourreaux
Aux berceaux d'Oradour demain
Pour qu'on ne revoie plus la guerre
Semer la mort comme naguère
Dans le monde entier se liguèrent
Près d'un milliard de cœurs humains
Que la paix ouvre enfin ses vannes
Et le peuple dicte ses lois
Nous les faiseurs de caravanes
T'apportons Oradour-sur-Glane
La colombe en guise de croix .
Juin 1949
« Oradour », Jean Tardieu, Les Dieux étouffés (1944)
Oradour n’a plus de femmes
Oradour n’a plus un homme
Oradour n’a plus de feuilles
Oradour n’a pas plus de pierres
Oradour n’a plus d’église
Oradour n’a plus d’enfants.
plus de fumée plus de rires
plus de toits plus de greniers
plus de meules plus d’amour
plus de vin plus de chansons.
Oradour j’ai peur d’entendre
Oradour je n’ose pas
approcher de tes blessures
de ton sang de tes ruines,
je ne peux, je ne peux pas
voir ni entendre ton nom
Oradour je crie et hurle
chaque fois qu’un cœur éclate
sous les coups des assassins
une tête épouvantée
deux yeux larges deux yeux rouges
deux yeux graves deux yeux grands
comme la nuit la folie
deux yeux de petit enfant :
ils ne me quitteront pas.
Oradour je n’ose plus
Lire ou prononcer ton nom
Oradour honte des hommes
Oradour honte éternelle
Nos cœurs ne s’apaiseront
que par la pire vengeance
haine et honte pour toujours.
Oradour n’a plus de forme
Oradour femmes ni hommes
Oradour n’a plus d’enfants
Oradour n’a plus de feuilles
Oradour n’a plus d’église
plus de fumées plus de filles
plus de soir ni de matins
plus de pleurs ni de chansons.
Oradour n’est plus qu’un cri
et c’est la bien la pire offense
au village qui vivait
et c’est bien la pire honte
que de n’être plus qu’un cri
nom de la honte des hommes
le nom de notre vengeance
qu’à travers toutes nos terres
on écoute en frissonnant
une bouche sans personne,
qui hurle pour tous les temps.je n'avais pas trop envie de prendre des photos, finalement je l'ai fait, pour se souvenir, réfléchir et faire en sorte que cela ne se reproduise pas.
Par Rozol 77 — Travail personnel - Création originale à partir des cartes IGN de Geoportail et des livres de Jean-Jacques Fouché, Oradour., Paris, Liana Levi, 2001, de Guy Pauchou et Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d'épouvante, Lavauzelle Graphic, Limoges, 1992 et de Philip Vickers, La Division Das Reich de Montauban à la Normandie, Lucien Souny, 2003, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=32532211
Clic sur le site du centre la Mémoire
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Commentaires
Nous avons Oradour-sur-Glanne, depuis qu'a été prise la décision politique d'en faire un "sanctuaire" (lieu de mémoire). Cela change-t-il l'homme? Les Ukrainiens, lequel de leur village choisiront-ils de "préserver dans son jus"?
Lieu de mémoire s'il en est un... nous y sommes allés il y a 4 ans (en descendant en Corrèze) ; je n'y étais jamais allée avant...
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Bonjour, un lieu très émouvant mais qui s'abîme de plus en plus (malheureusement). 78 ans après ces tragiques événements, il ne faut pas oublier. Bonne après-midi.