• Le château de la Verrerie (Cher)

     

    Nous avons rendez-vous avec André Mallet, régisseur général du château, pour la visite. Le château se situe à quelques kilomètres d’Aubigny-sur-Nère, dans la commune d’Oizon (Cher), à la limite du Berry et de la Sologne.

     

    Le domaine est vaste (3000 ha), le parc fait 17 ha et il y a trois fermages en activité. 17 arbres ont été offerts à Notre-Dame de Paris.

     

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    L’histoire du château (tient son nom d’une verrerie installée là autrefois) se rapporte, tout au moins au début, à l’histoire d’Aubigny-sur-Nère et des Stuart.

     

    Quand le château a été construit, l’étang existait déjà. Il n’y a eu que trois familles de propriétaires dans ce château : les Stuart, les Lennox et les De Vogüé.

     

    Le château n’a pas trop été endommagé au cours des siècles. Pendant la seconde guerre mondiale, les paysans de la région l’ont bourré de paille et il n’a donc pas été occupé.

     

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    L’histoire commence pendant la guerre de cent ans et l’arrivée des Écossais de John Stuart de Darnley pour aider le roi de France dans sa lutte contre les Anglais. (voir l’histoire d’Aubigny).

     

     

     

    Bérault (1450-1808, petit-fils de John Stuart de Darnley) décide en 1475 la construction d’un pavillon de chasse sur les bords de l’étang : (en style Louis XII ) la poterne, la partie est et la chapelle (1511). Le contrat stipulait que les seigneuries d’Aubigny et de la Verrerie devaient être transmises de p^ère en fils ou par le biais de mariages au sein de la famille. Comme Bérault n’avait que des filles, il maria l’une d’elles, Anne, à son cousin Robert Stuart de Lennox, compagnon d’armes de Bérault et de Bayard.

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    À son retour d’Italie (Pavie, 1525), Robert Stuart fit construire une galerie Renaissance côté sud. Son épouse Anne décède et il se remarie avec Jacqueline de la Queille. Il n’a pas d’enfant et pour que les seigneuries restent dans la famille, il adopte Anne de la Queille, nièce (ou demi-sœur?) de sa femme et lui fait épouser un de ses petits-neveux , Jean Stuart, qui sera le sixième sire d’Aubigny. Les domaines d’Aubigny et de la Verrerie restèrent dans la famille des Stuart jusqu’en 1672, date à laquelle il n’y avait plus d’héritiers. Le domaine devint donc propriété de Louis XIV.

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    Les terres revinrent quand même à une famille anglaise car Louis XIV en fit don à Louise de Keroual, une espionne qu’il avait envoyée auprès de Charles II et qui devint la maîtresse de celui-ci et en eut un enfant, Charles de Lennox et de Richmond. Louise de Keroual (on voit son portrait dans la salle à manger) devint duchesse de Portsmouth et à sa mort, le duché d’Aubigny revint à son petit-fils, Charles II de Lennox. Parmi les lointains descendants de Charles de Lennox, on trouve Lady Di, Camilla et Jane Birkin.

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    En 1842, le duc de Lennox refusant de payer les droits de succession, le château fut acquis par adjudication au marquis Léonce de Vogüé (1805-1877), originaire du Vivarais.

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    De descendant en descendant, des travaux furent réalisés, par exemple l’aile sud qui touche à la galerie Renaissance et contient les pièces que nous visiterons : la salle à manger, la salle de billard, le grand salon, la bibliothèque.

     

    De nombreux objets ayant appartenu à la famille sont exposés dans les salles.

     

    Par exemple, le buste du Comte de Vogüé par Henri Chapu. Le père d’Henri Chapu était concierge de Léonce de Vogüé. Je crois qu’il s’agit du buste de Robert de Vogüé, fils de Léone et tué à la bataille de Reichshoffen en 1870. Son père lui avait remis le sabre qu’il avait lui-même porté en Espagne et en Algérie. Un officier prussien ramassa le sabre sur le champ de bataille et le remit à la famille. Il est exposé dans une vitrine de la salle de billard.

     

    Un autre fils de Léonce, Charles-Jean Melchior (1829-1916) fut archéologue, orientaliste, égyptologue, ambassadeur à Saint-Petersbourg et ailleurs, académicien…

     

    C’est de lui qu’est issue la branche des de Vogüé propriétaires du château :

     

    Louis Melchior (1868-1948) marié à Louise d’Arenberg (1872-1958). Tous les jours, Louise aimait parler à ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, s’occupait de l’organisation de la journée, faisait sa promenade dans le parc, prenait le thé. Beaucoup de monde vivait dans le château que Louise appelle la « Maison enchantée ».

     

    Melchior Jean Marie (1893-1965). Maire d’Oizon jusqu’en 1953, il a ensuite, avec son épouse, rejoint les ordres monastiques. Devenu prêtre, il termine sa vie chez les Bénédictins de la Pierre-qui-vire (Yonne), et son épouse à l’abbaye de Limon (Essonne), où Geneviève Gallois, artiste peintre et caricaturiste avait été moniale quelques années avant l’arrivée de Geneviève Brincard.

     

    Antoine Jean Melchior (1923-1998). Avec sa femme Françoise de Hautecloque, nièce du Maréchal Lecerc , il entreprend la restauration du domaine, crée un restaurant, des chambres d’hôtes...

     

    Béraud a revendu le château à sa sœur Catherine qui en est propriétaire depuis quelques années avec son mari François d’Esneval.

     

     

     

    Les comtes de Vogüé se sont succédé, de père en fils, à la tête de la mairie d’Oizon : de 1900 à 1929 (Louis Melchior), de 1929 à 1953 (Melchior Jean Marie), de 1953 à 1998 (Antoine Jean Melchior), de 1910 à 1820 (Béraud)

     

    Guy de Vogüé, petit-fils de Louis et Louise d’Arenberg était peintre.

     

    D’autres membres de la famille sont propriétaires du château de Vaux-le-Vicomte.

     

    Les Stuart, Lennox et Richmond aimaient la chasse. Les de Vogüé ont continué la tradition. Actuellement, des chasses de haut vol aux poules faisanes sont organisées. Il y a 7 volières anglaises (7000 oiseaux) sur le domaine. Si cela vous dit, cliquez ICI et Là  !

     

    Nous commençons la visite par la galerie ouverte.

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Au-dessus des arches, des médaillons sculptés représentent sans doute les membres de la famille Stuart. Par exemple celle-ci dont le médaillon est entouré du sigle des Stuart.

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    À l’intérieur, au mur, sont accrochées des reproductions de peintures qui se trouvaient en haut dans la salle des gardes. Bérault Stuart (sur le caparaçon du cheval, on voit les initiales de Bérault et de son épouse Anne de Maumont ainsi que le sigle des Stuart : sur l’habit de Berault, on voit le sigle des Stuart et les fleurs de lys), 

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

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    Le château de la Verrerie (Cher)

    Robert Stuart

    Le château de la Verrerie (Cher)

    et ?

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    Dans la salle à manger et les pièces suivantes, on ne peut pas prendre de photos, j’en ai trouvé quelques-unes sur internet. Je les retirerai si nécessaire.

     

    Dans la salle à manger, on voit un portrait de la comtesse de Conti (je ne sais plus s’il s’agit de Marie-Anne, fille de Louis XIV et de Louise de la Vallière) ; deux tapisseries de Bruxelles représentant Pan et Héphaïstos ; un buste du prince Auguste d’Arenberg, père de Louise princesse d’Arenberg, épouse de Louis Melchior et un buste de Robert de Vogüé, mort à la bataille de Reichshoffen ; une cheminée en marbre rouge des Pyrénées. C’est dans cette pièce que se passent maintenant les repas qui accompagnent les chasses, les mariages, les séminaires donnés au château.

     

     

     

    Dans le salon et le billard , sont exposés des objets...des armes dans une vitrine (l’épée de Robert, le poignard de Charles-Melchior qui tua un ours en Russie…). On voit aussi le seul portrait au monde de Robert Stuart. Peint sur bois.

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    Un « retour de chasse », doré à l’or fin, en marbre, froid été comme hiver, servait à présenter le gros gibier au roi Louis XIV.

     

    Sur le dessus, sont exposées des porcelaines de Chine, des statuettes représentant des personnages sr des chevaux ailés (Pégase?)

     

    Dans un meuble Renaissance, sont cachés quatre pleurants en albâtre qui entouraient la tombe du duc de Berry dans la cathédrale de Bourges. Sur les 40 qui existaient à l’origine, il en reste 27 dispersés un peu partout dans le monde, dans des musées ou collections privées. Il en manque encore 13, tous ont été dispersés au moment de la Révolution. CLIC

     

    Dans un coin, une chaise à porteurs nous attend pour la promenade.

     

    Le blason des de Vogüé est le coq, c’est sans doute pour cela que nous avons vu deux magnifiques céramiques en forme de coq dans le salon.

     

     

     

    Dans la bibliothèque, refaite en 1895, est évoqué le souvenir d’un cousin de Léonce, Eugène-Melchior (1848-1910). Il traduisit les romans de Tolstoï. Les étagères sont remplies de livres dont certains ont été écrits par Eugène-Melchior, par exemple « le roman russe ». Son œuvre lui valut d’être Académicien. Un étroit escalier en colimaçon mène au ras du plafond où les murs sont, là encore, couverts de livres.

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    Nous terminons la visite par celle de la chapelle, construite fin XV è-début du XVI è siècle. Une splendeur. Tous les murs sont recouverts de fresques (ou peintures, je ne sais pas). Des médaillons représentent François I et Robert Stuart et autres personnes de la famille des Stuart. Des apôtres et martyrs sont peints sur les murs. Tout à gauche, vers l’autel ; le personnage en bleu, c’est Dieu qui remet les clés à Saint Pierre.

     

    Au XVIII è siècle, les peintures ne sont plus à la mode, et c’est ce qui, comme dans beaucoup d’églises, les sauvera de la dégradation. En 1930, Marguerite, fille de Louise, s’ennuie sans doute un peu à la messe et gratte le mur, ce qui permet de mettre à jour ce que nous voyons aujourd’hui. La voûte en bois peint date de 1470/80.

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

    Le château de la Verrerie (Cher)

     

    En 1942, pour les noces d’or de Louis et Louise, la famille leur a offert deux vitraux qui racontent l’histoire des de Vogüé. On y voit un Égyptien qui rappelle que Louis fut président de la Compagnie du Canal de Suez, un ange porte dans ses bras la Maison enchantée., une gerbe de blé représente les sept fermes organisées par Léonce : La Bussière, Le Grayon, Le Boulay, Le Réau, L’Étang, La Garenne, La Métairie neuve.

    à lire : "Si la Verrerie m'était contée" (Marc Frimat et la compagnie de l'Esperluette)

    deux sites : ICI et

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Jeudi 17 Novembre 2022 à 17:09

    Bonsoir Monique, je ne savais pas que les de Vogüé avaient eu autant de propriétés. J'ai visité un château de Vogüé en Ardèche. Merci pour cet article complet et grâce à toi, j'entends parler d'un château dont j'ignorais l'existence. Bonne après-midi.

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